Véronique Graslin expie à Montégnac, petit village du Limousin son passé de femme adultère et coupable. Elle a laissé condamner à mort son amant, sans révéler sa participation au crime qu’il avait commis. Jean-François Tascheron, le meurtrier, avait cherché par son crime le moyen de se procurer les fonds nécessaires à sa fuite avec Véronique, la femme aimée. Sous la direction de l’abbé Bonnet, elle rachète sa faute en consacrant sa vie aux autres, forme active d’une retraite monacale. Elle leur consacre toute sa fortune, faisant entreprendre, notamment, des travaux d’irrigation pour féconder les terrains arides de la commune. E-Book Feedbooks
Après avoir été déçue de la lecture du Loup Rouge de Morris West (je soupçonne une mauvaise traduction de l'anglais au francais...), j'ai décidé de plonger dans les grands classiques de la littérature française.
J'ai acquis récemment "Le curé de village" d'Honoré de Balzac, et le préambule, qui situe cette œuvre dans l’œuvre complète de Balzac, m'emballe.
Le curé de village est une œuvre authentique qui plante le décor, richement décrit, dans un petit village du Limousin actuel, à l’agriculture pauvre, à la terre stérile mais peuplé de travailleurs courageux et entreprenants et de catholiques convaincus et dévoués.
L’arrivée dans ce village de Véronique Graslin, une grande dame à l’esprit vif et aux motivations énigmatiques, va bouleverser la vie de nombreux habitants. Ils l’aiment, la chérissent, la vénèrent et la « canonisent » tant son œuvre magnanime de relèvement de ce pays défavorisé est grande.
Les personnages, décrits avec finesse et réalisme, mettent en lumière des personnalités hors du commun, qui, avec le concours de cette grande dame, vont participer à la réussite de ce chantier titanesque.
La première partie du roman décrit la vie de Véronique, avant qu’elle ne devienne Mme. Graslin. Sa famille, ses rêves naïfs d’un amour sincère et tendre, sa dévotion catholique,…
Pour une première lecture « classique », j’ai été emballé par la plume d’Honoré de Balzac.
Un grand virtuose et analyste de la condition humaine !
Quelques extraits intéressants:
p.63: "... On reconnaissait son utilité [de l'Abbé Dutheil], mais on le laissait à sa place, comme la plupart des solides esprits dont l'avènement au pouvoir est l'effroi des médiocrités..."
p.64: "...les supérieurs ne pardonnent jamais à leurs inférieurs de posséder les dehors de la grandeur, ni de déployer cette majesté tant prisée des anciens et qui manque si souvent aux organes du pouvoir moderne.."
p.95: "... Toute terre à quelque fertilité spéciale. Ce n'est ni les bras, ni les volontés qui manquent, mais la conscience et le talent administratifs..."
p.96: "... La pensée est constamment le point de départ et le point d'arrivée de toute société..."
p.109: "... Selon la loi nouvelle, le père n'est plus responsable du fils, et le crime du père n'entache plus sa famille. En harmonie avec le différentes émancipations qui ont tant affaibli la puissance paternelle, ce système à fait triompher l'individualisme qui dévore la Société Moderne. [...] La Famille sera toujours la base des sociétés. [...] En perdant la solidarité des familles, la Société a perdu cette force fondamentale que Montesquieu avait découverte et nommée l'Honneur..."
p.142: "... Le Droit, inventé pour protéger les Sociétés, est établi sur l'Égalité. La Société, qui n'est qu'un ensemble de faits, est basée sur l'Inégalité..."
p.149: "... Quelle personne parmi les gens dont l'esprit est cultivé, ou dont le cœur a reçu des blessures, peut se promener dans une forêt, sans que la forêt lui parle? Insensiblement, il s'en élève une voix ou consolante ou terrible, mais plus souvent consolante que terrible..."
p.150: "... - Je compris alors, dit-elle [Véronique] au curé, que nos âmes devaient être labourées aussi bien que la terre..."
p.182: "... L'État, qui en France semble, en bien des choses, vouloir se substituer au pouvoir paternel, est sans entrailles ni paternité..."
p.183: "... Le calcul lui [un ingénieur en chef des Ponts et Chaussées] a desséché le cœur et le cerveau. Je n'ose confier qu'à vous le secret de sa nullité, abritée par le renom de l'École Polytechnique. Cette étiquette impose, et sur la foi du préjugé, personne n'ose mettre en doute sa capacité..."
p.186: "... L'Abus est constamment plus fort en France que l'Amélioration..."
p.191: "... Rien, ni dans l'expérience, ni dans la nature des choses ne peut donner la certitude que les qualités intellectuelles de l'adulte seront celles de l'homme fait..."
p.192: "... La quantité déplorable de délits et de crimes accuse une plaie sociale dont la source est dans cette demi-instruction donnée au peuple, et qui tend à détruire les liens sociaux en le faisant réfléchir assez pour qu'il déserte les croyances religieuses favorables au pouvoir et pas assez pour qu'il s'élève à la théorie de l'Obéissance et du Devoir qui est le dernier terme de la Philosophie Transcendante [partie de la métaphysique qui recherche l'autorité de nos facultés, la valeur des notions, la certitude des connaissances, etc. ] ..."
p.199: "... Chacun pour soi, chacun chez soi, ces deux terribles phrases formeront avec le Qu'est ce que cela me fait? la sagesse trinitaire du bourgeois et du petit propriétaire. Cet égoïsme est le résultat des vices de la législation civile, un peu trop précipitamment faite, et à laquelle la révolution de Juillet vient de donner une terrible consécration..."