Jacques le fataliste et son maître, Denis Diderot (1796)

Lecture inachevé.

Comment s'étaient-ils rencontrés? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils? Que vous importe? D'où venaient-ils? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils? Est-ce que l'on sait où l'on va? Que disaient-ils? Le maître ne disait rien, et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici bas était écrit là-haut.

Jacques le fataliste et son maître est l'œuvre de Diderot la plus adaptée (en partie ou en totalité) au théâtre, au cinéma ou à la télévision.
En 1945, le cinéaste Robert Bresson, aidé de Jean Cocteau pour les dialogues, réalise le film Les Dames du Bois de Boulogne d'après un des épisodes de l'œuvre (l'histoire de Madame de La Pommeraye).
En 1984, Claude Santelli réalise une adaptation télévisuelle avec Patrick Chesnais, Guy Tréjan, François Périer, Henri Virlojeux.
De nombreuses adaptations théatrales de cette œuvre ont également été produites, citons entre autres Suite royale de Francis Huster (1992, Théâtre Marigny), Jacques le Fataliste adapté par Roland Ravez et Daniel Scahaise et mis en scène par Daniel Scahaise, avec Jaoued Deggouj dans le rôle de Jacques et Jean-Henri Compère dans celui du maître (2007, Théâtre de la Place des Martyrs à Bruxelles).
De plus, La Tectonique des sentiments d’Eric-Emmanuel Schmitt est basée sur une partie de l'œuvre.



Dans la peau d'un noir, J.H. Griffin (1961)

Comment un écrivain américain s'est transformé en Noir avec l'aide d'un médecin, pour mener pendant six semaines la vie authentique des hommes de couleurs.
Le Canard enchainé, Robert Escarpit: Maintenant le témoignage est là, tangible, solide, prêt à prendre place dans les rayons de toute bibliothèque qui se respecte

Le témoignage de J.H. Griffins a été porté à l'écran quelques années après sa sortie en libraire, en 1964. Le film "Black like me", réalisé par Carl Lerner, prend quelques libertés par rapport à l'oeuvre originale. Le journaliste qui entreprend cette experience s'appelle John Finley Horton.
Un documentaire, réalisé en 2007 par Canal +, reprend le titre de l'oeuvre de Griffin pour dénoncer le racisme de la part des personnes résidants en France à l'encontre des noirs.

L'écume des jours, Boris Vian (1947)


"Un titre léger et lumineux qui annonce une histoire d'amour drôle ou grinçante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans. C'est un conte de l'époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, féerique et déchirant. Dans cette oeuvre d'une modernité insolente, livre culte depuis plus de cinquante ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d'un nénuphar, le cauchemar va jusqu'au bout du désespoir. Mais seules deux choses demeurent éternelles et triomphantes : le bonheur ineffable de l'amour absolu et la musique des Noirs américains..." 


L’un des plus célébres romans de Boris Vian sera prochainement porté à l’écran par Michel Gondry (à qui l’on doit notamment "Soyez sympa rembobinez" et le splendide "Eternal Sunshine on the Spotless Mind").
Les personnages principaux, Colin et Chloé, seront interprétés par deux acteurs français, Romain Duris et Audrey Tautou.
L’œuvre de Boris Vian, au regard de sa singularité, sera extremement difficile à porter à l’écran. C’est une tâche ardue qui attend l’ensemble de l’équipe. On attend le résultat avec impatience !


Ravage, René Barjavel (1943)

De l'autre côté de la Seine une coulée de quintessence enflammée atteint, dans les sous-sols de la caserne Chaillot, ancien Trocadéro, le dépôt de munitions et le laboratoire de recherches des poudres. Une formidable explosion entrouvre la colline. Des pans de murs, des colonnes, des rochers, des tonnes de débris montent au-dessus du fleuve, retombent sur la foule agenouillée qui râle son adoration et sa peur, fendent les crânes, arrachent les membres, brisent les os. Un énorme bloc de terre et de ciment aplatit d'un seul coup la moitié des fidèles de la paroisse du Gros-Caillou. En haut de la Tour, un jet de flammes arrache l'ostensoir des mains du prêtre épouvanté.

L'art et la manière de pénétrer l'esprit d'un visionnaire. Dans les années 40, Barjavel savait déjà qu'il vivait au crépuscule d'un monde, et qu'un autre, plus fou que tous ceux qui l'avait précédé allait l'évincer.
Ce nouveau monde, similaire au notre par la complexité et la fragilité de ces réseaux, est frappé par un événement qui le paralyse.
Comment s'en sortir sans eau potable, sans électricité, sans moyens de transport? Et surtout, est ce que cette épreuve servirait de leçon au genre humain?


Quelques anecdotes sur l’œuvre:
- Barjavel a dédié cette œuvre à la mémoire de ces grands-parents paysans.
- Dans l'édition originale de cet ouvrage (1943), on pouvait lire une citation de L.F. Céline. L'auteur ayant été largement controversé pour certains de ces pamphlets antisémites (mais aussi pour son engagement collaborationniste), cette citation disparue des éditions ultérieures.

medium

Le curé de village, Honoré Balzac (1839)

Véronique Graslin expie à Montégnac, petit village du Limousin son passé de femme adultère et coupable. Elle a laissé condamner à mort son amant, sans révéler sa participation au crime qu’il avait commis. Jean-François Tascheron, le meurtrier, avait cherché par son crime le moyen de se procurer les fonds nécessaires à sa fuite avec Véronique, la femme aimée. Sous la direction de l’abbé Bonnet, elle rachète sa faute en consacrant sa vie aux autres, forme active d’une retraite monacale. Elle leur consacre toute sa fortune, faisant entreprendre, notamment, des travaux d’irrigation pour féconder les terrains arides de la commune. E-Book Feedbooks

Après avoir été déçue de la lecture du Loup Rouge de Morris West (je soupçonne une mauvaise traduction de l'anglais au francais...), j'ai décidé de plonger dans les grands classiques de la littérature française.   
J'ai acquis récemment "Le curé de village" d'Honoré de Balzac, et le préambule, qui situe cette œuvre dans l’œuvre complète de Balzac, m'emballe.
Le curé de village est une œuvre authentique qui plante le décor, richement décrit, dans un petit village du Limousin actuel, à l’agriculture pauvre, à la terre stérile mais peuplé de travailleurs courageux et entreprenants et de catholiques convaincus et dévoués.
L’arrivée dans ce village de Véronique Graslin, une grande dame à l’esprit vif et aux motivations énigmatiques, va bouleverser la vie de nombreux habitants. Ils l’aiment, la chérissent, la vénèrent et la « canonisent » tant son œuvre magnanime de relèvement de ce pays défavorisé est grande.
Les personnages, décrits avec finesse et réalisme, mettent en lumière des personnalités hors du commun, qui, avec le concours de cette grande dame, vont participer à la réussite de ce chantier titanesque.
La première partie du roman décrit la vie de Véronique, avant qu’elle ne devienne Mme. Graslin. Sa famille, ses rêves naïfs d’un amour sincère et tendre, sa dévotion catholique,…
Pour une première lecture « classique », j’ai été emballé par la plume d’Honoré de Balzac.
Un grand virtuose et analyste de la condition humaine !  

Quelques extraits intéressants:

p.63: "... On reconnaissait son utilité [de l'Abbé Dutheil], mais on le laissait à sa place, comme la plupart des solides esprits dont l'avènement au pouvoir est l'effroi des médiocrités..."

p.64: "...les supérieurs ne pardonnent jamais à leurs inférieurs de posséder les dehors de la grandeur, ni de déployer cette majesté tant prisée des anciens et qui manque si souvent aux organes du pouvoir moderne.."

p.95: "... Toute terre à quelque fertilité spéciale. Ce n'est ni les bras, ni les volontés qui manquent, mais la conscience et le talent administratifs..."

p.96: "... La pensée est constamment le point de départ et le point d'arrivée de toute société..."

p.109: "... Selon la loi nouvelle, le père n'est plus responsable du fils, et le crime du père n'entache plus sa famille. En harmonie avec le différentes émancipations qui ont tant affaibli la puissance paternelle, ce système à fait triompher l'individualisme qui dévore la Société Moderne. [...] La Famille sera toujours la base des sociétés. [...] En perdant la solidarité des familles, la Société a perdu cette force fondamentale que Montesquieu avait découverte et nommée l'Honneur..."

p.142: "... Le Droit, inventé pour protéger les Sociétés, est établi sur l'Égalité. La Société, qui n'est qu'un ensemble de faits, est basée sur l'Inégalité..."

p.149: "... Quelle personne parmi les gens dont l'esprit est cultivé, ou dont le cœur a reçu des blessures, peut se promener dans une forêt, sans que la forêt lui parle? Insensiblement, il s'en élève une voix ou consolante ou terrible, mais plus souvent consolante que terrible..."

p.150: "... - Je compris alors, dit-elle [Véronique] au curé, que nos âmes devaient être labourées aussi bien que la terre..."

p.182: "... L'État, qui en France semble, en bien des choses, vouloir se substituer au pouvoir paternel, est sans entrailles ni paternité..."
p.183: "... Le calcul lui [un ingénieur en chef des Ponts et Chaussées] a desséché le cœur et le cerveau. Je n'ose confier qu'à vous le secret de sa nullité, abritée par le renom de l'École Polytechnique. Cette étiquette impose, et sur la foi du préjugé, personne n'ose mettre en doute sa capacité..."

p.186: "... L'Abus est constamment plus fort en France que l'Amélioration..."

p.191: "... Rien, ni dans l'expérience, ni dans la nature des choses ne peut donner la certitude que les qualités intellectuelles de l'adulte seront celles de l'homme fait..."

p.192: "... La quantité déplorable de délits et de crimes accuse une plaie sociale dont la source est dans cette demi-instruction donnée au peuple, et qui tend à détruire les liens sociaux en le faisant réfléchir assez pour qu'il déserte les croyances religieuses favorables au pouvoir et pas assez pour qu'il s'élève à la théorie de l'Obéissance et du Devoir qui est le dernier terme de la Philosophie Transcendante [partie de la métaphysique qui recherche l'autorité de nos facultés, la valeur des notions, la certitude des connaissances, etc. ] ..."
p.199: "... Chacun pour soi, chacun chez soi, ces deux terribles phrases formeront avec le Qu'est ce que cela me fait? la sagesse trinitaire du bourgeois et du petit propriétaire. Cet égoïsme est le résultat des vices de la législation civile, un peu trop précipitamment faite, et à laquelle la révolution de Juillet vient de donner une terrible consécration..."