La Père Goriot, Honoré de Balzac (1835)


Tout le génie de Balzac ...

Le Père Goriot est une ode cruelle à l'amour paternel, un récit balzacien qui, malgré quelques longueurs pouvant décourager le lecteur, nous tient en haleine jusqu'au dramatique dénouement, un avertissement au don de soi à ses enfants, une leçon de vie.

La plume d'Honoré de Balzac est ici au plus près de son génie. Le lecteur a la sensation d'observer la psychologie des personnages à la loupe littéraire.

Rastignac, l'étudiant naïf qui plonge dans la vie parisienne ne sera pas déçu du voyage. Les terres qu'il foule sont peuplées de créatures mauvaises, habitées par le désir de plaire, de se pavaner sur les planches de la belle société, de paraître. Quelles leçon tirera-t-il de son séjour chez la mère Vauquer ?

Vautrin, fascinant homme à deux visages, qui prend l'étudiant docile sous son aile malhonnête et qui semble admirable.

Enfin, le Père Goriot, que l'on imagine dévoré par l'amour qu'il porte aux deux anges de sa vie, Delphine et Anastasie.

Et comme à l'habitude, autour de ces quelques personnages centraux, une calèche entière d'hommes et de femmes profondément marqués par le cruel fer rouge de la condition humaine.

Un grand roman, pièce essentielle de la Comédie humaine.


Choix d'extraits :

"Une larme roula dans chacun de ses yeux, sur la bordure rouge, sans en tomber"
"Ah, quand vous étiez petites, vous étiez bien heureuses. - Nous n'avons eu que ce temps là de bon, dit Delphine."
"Jusqu'alors il n'avait même pas complètement secoué le charme des fraîches et suaves idées qui enveloppent comme d'un feuillage la jeunesse des enfants nés en province."

Gobseck et autres récits, Honoré de Balzac (1830)

 

 C'est ce que j'aime chez Balzac... 

Une plume découverte bien tardivement, celle d'Honoré (de) Balzac. J'ai dû lire La Peau de Chagrin au collège ou au lycée mais je n'ai jamais pris la peine de faire connaissance avec l'auteur.
Le curé de village fut mon premier coup de coeur, puis La Recherche de l'absolu vint illuminer ma vie de lecteur. Il est et restera sans doute "mon préféré". La première nouvelle de ce grand écrivain qu'il m'a été donnée de lire fut Le Colonel Chabert. Il est bien sympathique ce soldat d'outre-tombe qui revient dans le monde des vivants pour réclamer son dû. On s'y attache un peu malgré nous.
Mais Gobseck est, parmi ceux que je connais, le personnage balzacien le plus fascinant. Il chérit l'or, l'argent pour ce qu'ils représentent, le pouvoir. On pourrait presque déceler dans cette nouvelle la description d'un personnage fantastique. L'écriture de Balzac n'y est sans doute pas étrangère.
Qui a l'or a le pouvoir.
Un portrait de Gobseck :
« Cet homme singulier n'avait jamais voulu voir une seule personne des quatre générations femelles où se trouvaient ses parents. Il abhorrait ses héritiers et ne concevait pas que sa fortune pût jamais être possédée par d'autres que lui, même après sa mort. Sa mère l'avait embarqué dès l'âge de dix ans en qualité de mousse pour les possessions hollandaises dans les grandes Indes, où il avait roulé pendant vingt années. Aussi les rides de son front jaunâtre gardaient-elles les secrets d'événements horribles, de terreurs soudaines, de hasards inespérés, de traverses romanesques, de joies infinies : la faim supportée, l'amour foulé aux pieds, la fortune compromise, perdue, retrouvée, la vie maintes fois en danger, et sauvée peut-être par ces déterminations dont la rapide urgence excuse la cruauté. Il avait connu M. de Lally, M. de Kergarouët, M. d'Estaing, le bailli de Suffren, M. de Portenduère, lord Cornwallis, lord Hastings, le père de Tippo-Saeb et Tippo-Saeb lui-même. Ce Savoyard, qui servit Madhadjy-Sindiah, le roi de Delhy, et contribua tant à fonder la puissance des Marhattes, avait fait des affaires avec lui. Il avait eu des relations avec Victor Hughes et plusieurs célèbres corsaires, car il avait longtemps séjourné à Saint-Thomas. Il avait si bien tout tenté pour faire fortune qu'il avait essayé de découvrir l'or de cette tribu de sauvages si célèbres aux environs de Buenos-Ayres. Enfin il n'était étranger à aucun des événements de la guerre de l'indépendance américaine. Mais quand il parlait des Indes ou de l'Amérique, ce qui ne lui arrivait avec personne, et fort rarement avec moi, il semblait que ce fût une indiscrétion, il paraissait s'en repentir. Si l'humanité, si la sociabilité sont une religion, il pouvait être considéré comme un athée. »
Les autres nouvelles sont également intéressantes et méritent que l'on s'y attarde :
Maître Cornélius et Facino Cane tournent aussi autour de la fascination pour l'argent.
Adieu est un récit bien plus singulier qui mêle à l'amour la folie la plus mystérieuse.
La lecture de ces quatre nouvelles fut pour moi un florilège de moments singuliers, précieux car parfois insaisissables et toujours envoûtants.
Je ne peux que vous inciter à prendre quelques heures pour vous plonger dans ces courts récits !

Ebooks 
Gobseck
Maître Cornélius
Facino Cane
Adieu (payant)