La métamorphose, Franz Kafka (1915)

Quatrième de couverture

Avec Kafka, le fantastique n'est plus un élément déroutant. Il devient tout naturel. Il est ressenti de l'intérieur. C'est en quoi Kafka, comme Proust, Joyce ou Céline, est une des clés de la littérature du XXe siècle.
ROGER NIMIER

Du fantastique, en toute simplicité! 
En me réveillant un matin après des rêves agités, je crus subir le sort de Gregor Samsa. Mais cette sensation n’était que le fruit des songes qui m’habitaient encore. La veille, j’avais terminé la lecture de « La Métamorphose » de Kafka. On dit souvent que nos rêves illustrent, à leur manière, les événements qui nous travaillent. Je ne sais pas si c’est vrai, mais cette nuit là j’avais rêvé d’une métamorphose et, en sueur, m’étais réveillée un peu effrayée.

Cette œuvre, courte mais intense, est intéressante et surprend. Pourtant, l’histoire est tout à fait banale, même s’il s’agit d’une nouvelle fantastique. Point de rebondissements, ni de grandes surprises. Un jour, Gregor est une bestiole répugnante, on ne sait pas pourquoi, et puis voilà.
Certains disent même que la description de l'état général de Gregor peut faire penser à la tuberculose, que Kafka porta en son sein sept années durant et qui l'emporta en 1924.

Le regard de sa famille est, à mon sens, la dimension qui doit polariser l’attention du lecteur. Si du jour au lendemain, votre moitié ou vos enfants se transformaient en autre chose, comment réagiriez-vous ?

Je trouve que la trame de l’histoire, si on lit entre les lignes, pose des questions qui sont encore d’actualité. Un enfant ou un proche qui devient, pour l’une ou l’autre raison, un étranger aux yeux des siens entraîne inévitablement une mutation des relations qui les unissent. Toute la difficulté est d’apprendre à connaître et surtout à comprendre cette nouvelle personnalité.

Les quelques pages qui composent ce petit bijou se lisent sans difficultés. On s’attache à Gregor et on finit presque par détester les autres. L’ambiance, en huit-clos dans un appartement que Kafka nous dépeint froid et sans charme, donne une dimension dramatique à cette histoire un peu triste.

Pour son originalité, sa qualité d’écriture et surtout pour la mise en mots du fantastique par Kafka, je conseille cette lecture.

L’édition que j’ai eu entre les mains comportait d’autres nouvelles. Certaines étaient pour le moins, comment dire, déroutantes. Je ne les aies d’ailleurs pas toutes lues.
Mais la Métamorphose vaut carrément le détour !

Extraits choisis

 "... son mouvement d'escarpolette." 
Escarpolette : Vieilli. Siège, planchette suspendu(e) par des cordes où l'on se balance, assis ou debout, p. ext. balançoire. Pousser l'escarpolette. Le capitaine Aimery attachait une escarpolette à deux branches basses et nous balançait tour à tour (Adam, Enf. d'Aust.,1902, p. 88) (Définition du CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
"... avec ses cheveux en bataille plein du désordre de la nuit."
"Grégoire  ne sortit qu'au crépuscule d'un sommeil de plomb ressemblant à la mort."
"Elle avait l'air beaucoup plus inquiet que d'habitude."