Ma vérité sur la planète, Claude Allègre (2007)

Une fois encore, nécessité oblige, Claude Allègre remet les pendules à l'heure car, s'il est inopportun pour l'avenir de notre société d'accorder le moindre crédit aux marchands d'illusion, il est tout aussi urgent de mettre un frein aux pleurnicheries écologiques.
En bon pédagogue, après avoir fustigé, il nous présente un calendrier de propositions. Parmi celles-ci:
- développons les OGM qui permettront aux plantes résistantes de résister à la pénurie d'eau et d'éviter les engrais;
- requérons la biodiversité dans nos rivières et nos forêts;
- encourageons une architecture économique combinant énergie solaire, pompe à chaleur et économie d'énergie domotique;
- imposons la voiture hybride ou électrique et accélérons l'utilisation des piles à hydrogène;
- développons l'énergie nucléaire de quatrième génération.
Vive l'écologie moteur de la croissance.
A bas l'écologie de la peur et du déclin.

Il est important de mettre un frein à la sur-médiatisation alarmiste des enjeux environnementaux, qui ne donne pas la parole à tous ceux qui se battent au quotidien pour faire changer les choses.

A t-on déjà vu un documentaire de vulgarisation présentant le travail de ceux qui mettent en place les plans d'action pour la protection des captages d'eau potable?

Qui sait comment sont gérées les eaux usées urbaines? De nombreuses discussions m'ont convaincu que la plupart des gens ne savent pas comment de l'eau potable arrive à leur robinet, et comment leurs "déchets" sont évacués et traités.

Pourquoi le tri sélectif est-il aussi important? Parce que la réutilisation efficace des matériaux est l'une des solutions face à la raréfaction des ressources.

Pourquoi ne peut-on pas arrêter l'utilisation des pesticides du jour au lendemain? Imaginez un monde où le pétrole ne serait plus distribué à l'échelle mondiale. Toutes les infrastructures qui composent nos pays s'écrouleraient: plus d'approvisionnement des villes, plus de transport de marchandises et de personnes, ...
L'arrêt brutale de l'utilisation des pesticides aurait des conséquences tout aussi alarmantes: baisse de la productivité, impossibilité de subvenir aux besoins alimentaires du pays, arrêt des exportations, ...
L'arrêt n'est pas la solution, l'utilisation raisonnée des pesticides, et par extension de toutes les technologies développées depuis la Révolution industrielle est la seule attitude à adopter.

Ce sont ces sujets qui devraient être au centre du débat politique. Pour se mettre en ordre de bataille face aux enjeux environnementaux, sociétaux et économiques du XXIe siècle (raréfaction des ressources naturelles et conséquences géopolitiques à l'échelle mondiale, explosion démographique, complexification du monde par le développement des réseaux de communication, ...), il faut initier une prise de conscience globale et une envie collective de comprendre le fonctionnement du monde pour se donner les moyens d'offrir aux générations futures un monde meilleur.

La plupart des propositions de Claude Allègre sont réfléchies et bien argumentées. Certaines analyses et propositions sont fondamentales, et méritent à elles seules la lecture de cet essai.

Il est néanmoins nécessaire de garder à l'esprit ses propres opinions et de ne pas considérer comme paroles d’Évangile les propos de Claude Allègre.

Dernier inventaire avant liquidation, Frédéric Beigbeder (2001)

"N'oublions jamais que derrière chaque page de ces monuments d'un siècle révolu se cache un être humain qui prend tous les risques. Celui qui écrit un chef-d'oeuvre ne sait pas qu'il écrit un chef d'oeuvre. Il est aussi seul et inquiet que n'importe quel autre auteur; il ignore qu'il figurera dans les manuels et qu'un jour on décortiquera chacune de ces phrases - c'est souvent quelqu'un de jeune et solitaire, qui travaille, souffre, nous émeut, nous fait rire, bref nous parle. Il est temps de réentendre la voix des hommes et femmes comme au premier jour de leur publication, en la débarassant, l'espace d'un instant, des appareils critiques et autres notres en bas de page qui ont tant contribuer à dégoûter leurs lecteurs adolescents et à les envoyer dans les salles obscures ou aux concerts de rock."

Une très bonne lecture pour le petit-coin (la description de chaque oeuvre est juste de la bonne taille).
Dans ce classement réalisé par 6000 lecteurs, "L'étranger" d'Albert Camus y cotoie "Astérix le Gaulois" d'Uderzo et Goscinny ou encore "Trois essais sur la théorie sexuelle" de Freud. Un classement bariolé, non empreint d'un certain intérêt pour la lectrice "curieuse" que je suis!

Windows on the world, Frédéric Beigbeder (2003)

"Le seul moyen de savoir ce qui s'est passé dans le restaurant situé au 107e étage de la tour nord du World Trade Center, le 11 septembre 2011, entre 8h30 et 10h29, c'est de l'inventer."
F.B.

Toujours égal à lui même, Beigbeder se prête à l'exercice périlleux de traiter d'un sujet sensible, à savoir, l'attentat du 11 septembre contre le World Trade Center.

J'ai lu cet ouvrage il y a quelques mois, il me sera donc difficile de donner une critique "fraîche" et "avisée".
En revanche, l'histoire de ce père se trouvant, avec ses deux fils, au mauvais endroit au mauvais moment est poignante. Cela m'a rappelé le film "La vie est belle" de Roberto Benigni (1997), où, pendant la seconde Guerre Mondiale, dans les camps de la mort , un père va tout faire pour éviter l'horreur à son fils.



C'est une lecture intéressante, qui nous laisse imaginer le cauchemar qu'on vécut les victimes de l'un des attentats les plus meurtriers de notre temps.

La part de l'autre, Eric-Emmanuel Schmitt (2001)

08 octobre 1908: Adolf Hitler récalé.
Que ce serait-il passé si l'Ecole des Beaux Arts de Vienne en avait décidé autrement? Que serait-il arrivé si, cette minute-là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ces ambitions d'artiste?
Cette minute-là aurait changé le cours d'une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde...

Ce livre permet de poser un regard nouveau sur l'un des plus grands dictateurs faschistes du XXe siècle.
La partie biographique est réellement intéressante, et le travail de recherche documentaire mené par l'auteur est impressionnant.
On pénètre littéralement dans la peau poisseuse de ce personnage méphistophélique, initiateur d'une grande guerre qui a posé une marque indélébile sur notre monde (je parle entre autre du conflit sempiternelle opposant le jeune Etat d'Israël aux Pays Arabes voisins).
Je suis plus septique concernant l'autre personnage, le "Adolf Hitler gentil". Le travail de projection dans une réalité "parallèle" sans ce personnage dans le paysage politique mondiale est intéressant, quoiqu'audacieux au regard de la complexité de la géopolitique du XXe siècle. Il fallait oser le faire et je remercie, en tant que lectrice, Eric-Emmanuel Schmitt de s'y être attelé avec autant d'énergie.
Malgré tout, cette partie est largement romanesque, et j'avoue avoir peine à croire qu'un personnage aussi machiavélique l'était simplement par un concours de circonstances.
Néanmoins, une oeuvre à lire et à apprécier avec circonspection.

Le loup rouge, Morris West (1972)

Le roman de Morris West a pour décor les prairies vertes et glacées, les roches grises et nues de l’Écosse et plus particulièrement des îles Hébrides. Dans ce pays de clans, de légendes et de traditions ésotériques, où l'esprit des morts et les dieux de la mer semblent présider encore aux destinées des hommes, les sentiments sont des passions, les jeux des combats implacables, qui ne se résolvent que par la mort des vaincus. Entre le vieux Morrison, Ruarri l''aventurier, Kathleen l'étrangère à la blessure secrète et le narrateur, vont se nouer des liens où l'amour, l'amitié, l'orgueil, la haine aussi, tour à tour s'opposeront et s'enchevêtreront en subtils entrelacs.
Peintre admirable des passions et des luttes amères de la conscience, l'auteur de L'Avocat du diable atteint ici à une grande intensité dans le drame et à un raffinement dans l'analyse des sentiments.
En outre, il a su évoquer avec une justesse remarquable le mélange de rudesse et de douceur qui constitue l'esprit si particulier de l’Écosse et de ses habitants.

Grosse déception.
Arrivée à la page 68, j'arrête la lecture, je n'y arrive plus...
Une reprise dans quelques semaines (mois?) est envisageable, je verrai en fonction de ma motivation à repartir à l’assaut de cette œuvre.



Quelques extraits intéressants:

p.16: "... Les filles, fraîches et plantureuses comme des génisses nourries aux trèfles, s'égosillaient avec les autres et versaient la bière brune dans la bouche de leurs galants..."
Description des filles qui peuplent les pubs du nord de l'Écosse, où le narrateur découvre les moeurs des habitants de ce pays si différent de ceux de Rome. 

p.41: "... La terre, c'est pour nourrir et garer son capital, avoir une identité nationale, et ainsi de suite, et avoir un endroit où de retirer quand la sève qui est en vous se dessèche. Mais la mer est toujours le lieu de la liberté, où les législateurs ne peuvent pas mettre le nez dans votre journal de bord privé, où votre bateau est un royaume où nul holme ne peut poser le pied sans y être invité par le capitaine..."

p.45: "... Pourtant, il avait quelque chose d'extraordinairement séduisant, une dimension héroïque qui le distinguait des citadins mornes et des intellectuels à la vois stridente qui se pavanaient avec tant de morgue dans le crépuscule d'une civilisation discréditée..."
Paroles et description d'un homme de la mer, que le narrateur rencontre au gré de son aventure dans ce pays de prairies vertes et glacées, peuplés de roches grises et nues, et où tous les habitants ont les yeux tournés vers la mer.

p.51: "... Lentement, je me mis à voir dans cet ensemble un schéma où tout avait sa place, un schéma froid, austère, sans discordance, qui imposait le respect, même s'il ne provoquait pas le rapide élan d'affection que vous arrachent les lieux ensoleillés..."
Le narrateur découvre les charmes d'un pays peu attirant de prime abord.

p.52: "... Dans les pays surpeuplés, dans les villes-fourmilières de notre époque, les hommes sont faits et défaits par les hommes. Ils sont broyés, effilochés, polis, formés et déformés au contact les uns des autres, comme les roches dans la turbulence d'un torrent. Le passé ne les domine pas, parce qu'ils sont emportés par les remous du torrent d'aujourd'hui. La terre ne les domine pas, parce qu'elle est ensevelie sous l'asphalte et le ciment et leurs pieds ne s'y posent jamais. La mer ne règne pas sur eux parce qu'ils en ignorent l'odeur et le bruit, tandis qu'ils cheminent dans les couloirs de brique et de mortier comme des souris dans un labyrinthe.
Mais dans les endroits primitifs, sur les îles et les hauts plateaux, l'homme doit s'adapter aux éléments, à la terre et à l'eau, et à l'air changeant, autrement il lui faut mourir. Son passé est toujours présent en lui, parce qu'il doit en tirer la sève quotidienne de savoir et d'endurance. Sa vie en commun est moins abrasive parce qu'elle est plus détendue. Elle est plus fraternelle, plus tribale, parce qu'elle est plus proche de la terre nourricière; unifiée aussi par le sentiment des dangers communs. Les noms de lieux racontent la même histoire: ils ne glorifient pas la mémoire d'antiques tyrans, ni de politiciens grandiloquents, ni d'idoles inexplicables; ils glorifient la terre et la mer, avec leurs fruits: Sheep Isles [Moutons], et Salmon Run [Saumon], et Seal beach [Phoques] et Holding of the Herds [Troupeaux]..."
Ce sont ces descriptions qui m'ont convaincues de l'interêt de la lecture de cet ouvrage, et pourtant, hormis cela je n'ai pas été emballée par ce roman. Les histoires d'amour, décrites comme elles se déroulaient dans la vie de l'auteur dans les années 50/60, n'ont pas bien vieillies. Pourtant d'autres romans incluant des histoires d'amour nous parviennent avec toute leur beauté.

p.90: "...Dans le monde que j'avais fui, on prêchait la violence en tant qu'opération chirurgicale destinée à guérir la société malade. Des enfants se détruisaient à coups d'héroïne. Des amants juvéniles se passaient l'un à l'autre leur blennorragie. Des diplomates faisaient du trafic d'armes. Des révolutionnaires kidnappaient des innocents comme otages. Des citoyens dressaient la police armée contre les étudiants. Des étudiants brûlaient les bibliothèque à la façon des tyrans de l'Inquisition. Le Noir se battait contre le Blanc. Les massacres s'organisaient à l'aide d'ordinateurs et les villes-fourmilières dévoraient les douces campagnes. Malgré toute la solitude de ce pays, malgré toutes ces menaces venues de la terre et des éléments, j'étais heureux d'y séjourner..."

Le portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde (1890)

"Que c'est triste! Je vais devenir vieux, horrible et épouvantable. Mais ce portrait, lui, demeurera toujours jeune. [...] Si seulement c'était moi qui devais rester éternellement jeune et le portrait qui devait vieillir! Pour cela je donnerai tout! [...] Je donnerais mon âme!"
Toute l'intrigue de l'unique roman d'Oscar Wilde est en germe dans ce voeux aux accents de pacte faustien. Dorénavant, Dorian Gray ne vieillira plus: c'est son portrait qui portera les stigmates de son âge, de ses vices et de ses crimes.
En 1890, lorsque paraît Le Portrait de Dorian Gray, les adjectifs ruissellent sous la plume des critiques pour crier à l'immoralité: lascif, pernicieux, répugnant, empoisonné, le livre respire une atmosphère "chargée des odeurs méphitiques de la putréfaction morale et spirituelle". Mais pour Wilde, la qualité du style est le seul critère pour juger d'une œuvre: "Il n'existe pas de livre moral ou immoral. Les livres sont bien ou mal écrits. Voilà tout." E-book Feedbooks

Un classique relativement difficile à lire pour qui n'en a pas l'habitude, et j'en suis. Cependant, même si quelquefois une seconde relecture s'impose pour comprendre le sens des phrases, leur beauté est indiscutable. Wilde n'a écrit qu'un seul roman, mais il s'est appliqué.
De plus, maints et maintes fois reprise au cinéma, l'histoire est bien connue, et l'on peut aisément s'appliquer au "déchiffrage du texte".
Le personnage de Dorian Gray évolue tout au long de l'histoire. Il est le seul à ne pas vieillir, mais l'âme peut-elle rester éternellement jeune? Les démons qui vont le hanter sont perfides, pernicieux et diaboliques. Comment supporter le fardeau d'avoir vendu son âme au diable?

La première version cinématographique, intitulée Le Portrait mystèrieux, fut réalisée en 1899 par Georges Méliès. En 1910, Axel Strøm réalise Dorian Gray Portræt. C'est le seul film connu de ce réalisateur danois. Dans une version filmée de 1915, Portret Doryana Greya, le rôle de Dorian Gray est interprété par une actrice, Varvara Yanova. En 1945, Albert Lewin réalise Le Portrait de Dorian Gray (Titre original: The Picture of Dorian Gray ). A l'époque, c'est déjà la huitième adaptation au cinéma du roman d'Oscar Wilde. Ce fut Hurd Hatfield (photo ci-dessous), un jeune acteur venu du théâtre, qui fut choisi pour incarner Dorian Gray. On peut également voir à l'écran Angela Lansbury (l'héroïne d'Arabesque!) et Donna Reed. En 1970, c'est au tour de Massimo Dallamano  de réaliser "son" Dorian Gray, puis de Glenn Jordan en 1973 (Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray)), et de John Gorrie en 1977, cette fois ci à la télévision (Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray)). En 2002, David Rosenbaum adapte à son tour le roman (Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray)). Dans l'adaptation de 2005, le Dorian Gray de Mick Davis, Eva Herzigova, Andy Garcia et Emmanuelle Béart apparaissent à l'écran.
Enfin, en 2009, Oliver Parker s'inspire librement du roman de Wilde pour réaliser Le Portrait de Dorian Gray  avec Ben Barnes dans le rôle de Dorian Gray et Colin Firth dans celui de Lord Henry Wotton.

Le parfum, Patrice Süskind (1986)

Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Il s'appelait Jean-Baptiste Grenouille. Sa naissance, son enfance furent épouvantables et tout autre que lui n'aurait pas survécu. Mais Grenouille n'avait besoin que d'un minimum de nourriture et de vêtements, et son âme n'avait besoin de rien.
Or ce monstre de Grenouille, car il s'agissait bel et bien d'un genre de monstre, avait un don, ou plutôt un nez unique au monde et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu-tout-puissant de l'univers, car "qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes".
C'est son histoire, abominable... et drolatique, qui nous est racontée dans Le Parfum, un roman très vite devenu un best-seller mondial, et aujourd'hui porté à l'écran. 

Une œuvre d'art olfactive, qui nous plonge dans un univers de senteurs de fleurs, de relents et d'exhalaisons de corps en décomposition, de remugles de pièces closes, d'effluves de femmes, ...
Chaque scène est décrite avec précision, en fermant les yeux on peut non seulement s'imaginer les décors, mais on est littéralement projeté dans la Paris et le Grasse du XVIIIe siècle, le quartier des tanneurs et les champs de lavandes.
Une fragrance de bonheur.

Un monde sans fin, Ken Follett (2008)

1327. Quatre enfants sont les témoins d'une poursuite meurtrière dans les bois: un chevalier tue deux soldats au service de la reine, avant d'enfouir dans le sol une lettre mystérieuse, dont la teneur pourrait mettre en danger la couronne d'Angleterre. Ce jour lie à jamais leurs sorts... L'architecte de génie, la voleuse éprise de liberté, la femme idéaliste, le guerrier dévoré par l'ambition: mû par la foi, l'amour et la haine, le goût du pouvoir ou la soif de vengeance, chacun d'eux se bat pour accomplir sa destinée dans un monde en plaine mutation - secoué par les guerres, terrassé par les famines, et ravagé par la Peste noire. Avec un monde sans fin, Ken Follett nous offre une nouvelle fresque historique aussi séduisante et captivante que les Piliers de la Terre, cette superbe épopée romanesque qui avait pour cadre l'Angleterre du XIIe siècle.

Après les Piliers de la Terre, on entame cet ouvrage avec beaucoup d'enthousiasme, en pensant retrouver toute la magie de la vie contée de Tom le Bâtisseur, Jack Jackson, Ellen, Aliena, Walleran, William et le prieur Philip.
Déception. Trop long, trop prévisible et pourtant si différent du synopsis annoncé. Malgré tout, cette suite est plaisante à lire, bien qu'un peu indigeste.
Le fil conducteur annoncé dans le synopsis apparait tardivement, comme s'il avait été oublié. L'histoire de la lettre cachée dans les bois est traitée avec précipitation pour finalement s'éteindre sans bruit. Dommage.
Les personnages, bien qu'aussi attachants que dans les Piliers de la Terre, s’essoufflent. On se lasse de la voleuse éprise de liberté qui se contente d'une situation peu compatible avec son caractère, de la femme idéaliste qui s'inflige des crises existentielles peu crédibles à l'époque, et du guerrier dévoré par l'ambition qui est juste une brute sanguinaire. Seul l'architecte de génie nous rappelle le charme envoutant des personnages du premier Tome.
A lire malgré tout, car la plume de l'auteur est inchangée, et les descriptions architecturales, de scènes de guerre et des ambitions dévorantes de certains personnages sont toujours aussi plaisantes à lire.

Les piliers de la terre, Ken Follett (1990)

Dans l'Angleterre du XIIème siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. Les fresques se peignent à coups d'épée, les destins se taillent à coups de hache et les cathédrales se bâtissent à coups de miracles... et de saintes ruses. La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.

1150 pages de plaisir littéraire. Une œuvre architecturale parfaite.
Les personnages, décrit avec finesse et précision, sont attachants, séduisants ou détestables. Tout y est; le père et mari qui se démène pour subvenir aux besoins de sa famille et pour atteindre ses propres rêves; le jeune prodige, enchanteur et amoureux fou; la femme qui ne se décourage pas face aux obstacles et au régime phallocratique en place dans l'Angleterre du XIIème siècle; la "soi-disant sorcière", qui peut soulager les maux physiques et moraux; l’évêque arriviste qui n'hésite pas à mouler ses croyances à ses propres ambitions, quitte à détruire ceux qui pourraient le gêner; le "mauvais garçon" , violeur, persécuteur et assassin, qui tente en vain de faire taire sa conscience; et enfin, et c'est le personnage le plus captivant de cette œuvre, le moine, qui gravit malgré lui la hiérarchie, et qui, grâce à sa malice évite les pièges sournois des êtres malveillants qui l'entourent.
Tous ces personnages vivent, souffrent, se reconstruisent dans le contexte de l'édification de la plus ambitieuse cathédrale de l'Angleterre.
Mon seul regret, avoir vu l'adaptation télévisuelle (bien que concluante) avant de lire l’œuvre. Je ne saurai jamais quels visages mon esprit aurait pu imaginer... C'est avec ces expériences que l'on se rend compte de la liberté d'imaginer que procure la littérature.


Suite à quelques échanges avec des CL (membres de Critiques Libres), je tiens à préciser qu'il ne faut pas s'attendre à un roman historique. Les personnages sont en effet très romanesques, l'histoire ne se base pas sur une réelle construction de cathédrale. Kingsbridge (Devon, sud-ouest de l'Angleterre) n'a jamais eu de cathédrale et ne se situe pas à proximité de Shiring (North Yorkshire, bien plus au nord).

Il faut aborder cette oeuvre comme une oeuvre de fiction, divertissante, fraîche, intéressante sur la dimension architecturale (les descriptions sont précises et permettent de sa familiariser avec le vocabulaire des cathédrales). C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'adaptation télévisuelle est réussite (même si certains gros détails sont différents). Personnellement, même si j'apprécie la série "Les Piliers de la Terre", je prefère la version littéraire.

Néron, Philipp Vandenberg (1982)


Dans la nuit du 12 octobre 54 apr. J-C., des filles légèrement vêtues dansent devant le lit de l'empereur Claude [1er]. Le vieux prince contemple ce spectacle d'un œil éteint. Rien d'étonnant: il est mort, empoisonné par Agrippine, son épouse. La fille de Germanicus a fait place nette. Son ambition suprême est de voir Néron, son fils de dix-sept ans, proclamé empereur.

C'est par cette scène que Philipp Vandenberg ouvre sa grande biographie de Néron, le plus extraordinaire des empereurs romains. Le jeune homme cédait aux instances de sa mère à contrecœur: il se sentait davantage la vocation d'un artiste que celle d'un souverain. Abandonnant à ses généraux les expéditions militaires contre les Parthes, les Germains et les Bretons, il se réservera comme champ de bataille le théâtre et l'arène. Conducteur de char ou chanteur, c'est là qu'il remportera ces victoires. C'est pourquoi le sommet de son règne ne fut pas l'annexion de quelque nouvelle province, mais bien son voyage en Grèce, au cours duquel il conquit - indûment, il est vrai - des lauriers dans tous les concours de chant. Lorsque, après un règne de quatorze ans, il trouva la mort à la suite d'une rébellion, ses derniers mots furent: "Quel artiste périt avec moi!".
Puisant aux sources les plus sûres de l'Antiquité, Philipp Vandenberg redonne vie et vérité à cet homme souvent si injustement décrié. Chemin faisant, il recrée Rome tout entière: les affaires amoureuses, les intrigues et les conspirations, les guerres lointaines, les jeux, les fête, le terrible incendie de l'an 64, la persécution des chrétiens...
Une œuvre magistrale, digne de ses précédents ouvrages: La malédiction des pharaons, Néfertiti, Ramsès le Grand, La pharaon oublié, Le secret des oracles, qui ont été traduits en vingt-cinq langues.

Ouvrage plus difficile d'accès que le Caligula d'Allan Massie, mais qui apporte bien plus d’éléments de réflexion historique. Une œuvre à lire si l'on souhaite percer les mystères de l'un des empereurs les plus intéressants du 1er siècle ap. J.C., au côté d'Auguste, Tibère, Caligula et Trajan.
La lecture, facilitée par l'organisation en chapitres et sous-chapitres, est illustrée par des images et photos en noir et blanc.
Un travail admirable de recherche bibliographique et de synthèse.

Caligula, Allan Massie (2008)

Caius Caesar Germanicus Caligula est certainement, avec Néron, le plus décrié des empereurs romains. Il est généralement peint comme un fou meurtrier et débauché, porté à tous les excès, les caprices et les cruautés, ayant fait nommer son cheval consul, pratiqué l'inceste avec ses sœurs et multiplié les exécutions injustifiées au sein des élites de Rome.
Pourtant, même les historiens les plus hostiles se trouvent contraints de reconnaître que tout ne fut pas négatif dans les quatre courtes années de son règne, et que l'on doit relever d'étranges contradictions chez ce souverain haï de l'aristocratie, mais adoré de la plèbe, comme il l'avait été, enfant, des soldats de son illustre père Germanicus.
Ce sont ces contradictions qu'Allan Massie, alliant une fois de plus, comme dans son Tibère et son Roi David, la perspicacité psychologique et la compréhension humaine du romancier à l'érudition de l'historien, a entrepris de retrouver et d'analyser, détruisant au passage quelques mythes bien établis et reconstituant, à petites touches cruellement précises, le climat oppressant de toute une époque.

Une œuvre intéressante qui apporte, au sein d'une fresque romanesque bien ficelée et narrée par un personnage "mystère", des éléments historiques sur la vie "éclair" et "extravagante" de cet empereur romain et des personnages qui l'accompagnaient ou le haïssaient et sur le contexte politique d'une partie du Ier siècle ap. J.C, période passionnante entre toutes, qui a vu régner les premiers empereurs romains (Auguste, Tibère, Caligula, Claude Ier, Néron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus, Domitien, Nerva et Trajan).
Malgré quelques non-dits (notamment sur l'arbre généalogique présenté au début de l'ouvrage), ce roman historique captivera tout ceux qui se passionnent pour le début de l'Antiquité tardive.

Un roman français, Frédéric Beigbeder (2009)

C'est l'histoire d'un grand frère qui a tout fait pour ne pas ressembler à ses parents, et d'un cadet qui a tout fait pour ne pas ressembler à son grand frère.
C'est l'histoire d'un garçon mélancolique parce qu'il a grandi dans un pays suicidé, élevé par des parents déprimés par l'échec de leur mariage.
C'est l'histoire d'un pays qui a réussi à perdre deux guerres en faisant croire qu'il les avait gagnées [...].
C'est l'histoire d'une humanité nouvelle, ou comment des catholiques monarchistes sont devenus des capitalistes mondialisés.
Telle est la vie que j'ai vécue: un roman français.
F.B.

Le livre autobiographique d'un enfant dans un corps d'adulte, une introspection qui permet à l'auteur de (re)découvrir une enfance ni pire ni meilleure qu'une autre: une famille aisée, des parents divorcés, un grand frère modèle. Des souvenirs qui refont surface lors d'un séjour "douloureux?" dans les geôles parisiennes en 2008 pour consommation de cocaïne sur la voie publique.
Si vous aimez Beigbeder, vous aimerez "Un roman français" pour sa fécondité en références littéraires, cinématographiques, musicales, pour sa transparence et sa sincérité, et pour ce petit plus qui donne aux oeuvres de Beigbeder un caractère si singulier... Beigbeder, personnage extravagant symbole de notre époque, de notre société et de tous les travers qui les composent.
"Un roman français", une crise d'adolescence tardive? 

Quelques extraits intéressants:
 
p.16: "... Je descend d'un preux chevalier qui a été crucifié sur les barbelés de Champagne..."

p.33: "... Les nostalgiques de l'enfance sont des gens qui regrettent l'époque où l'on s'occupait d'eux..."
Nostalgique de l'enfance? De ces années insouciantes où la réalité cruelle, sauvage et injuste du monde nous était inconnue? Ou nous nous régalions des desserts amoureusement préparés par nos aïeuls, aujourd'hui disparus? Ou notre seul souci était de ramener un bulletin pas trop catastrophique à la maison? ...

p.40: "... Le Pouvoir a besoin des zartisstes pour lui dirre la vvvérité..."
Sans doute un petit peu... mais nous aussi on a besoin des zartistes pour déceler les mensonges et les calomnies dans la masse d'information qui nous agresse au quotidien. Merci à eux d'être toujours sur le front!

p.62: "... En France, c'était l'après-guerre, La Libération, les Trentes Glorieuses, bref, le devoir d'oubli qui précéda le devoir de mémoire..."
Étant née à la fin des Trentes glorieuses (1945 - 1975), je ne peux pas imaginer comment le devoir d'oubli se vivait au quotidien...

p.124: "... La science-fiction est la recherche prospective du possible..."
Au regard du nombre de discussion que j'ai déjà pu avoir avec mon compagnon sur le devenir de la société et de l'humanité, et au regard des scénarios (plus ou moins abracadabrant) que nous avons échafaudé, je ne peux qu'appuyer cette théorie.

p.127: "..."Lis San-Antonio, moi je ne lis rien d'autre, tout le reste m'emmerde. Arrête de lire des traductions, lis un mec qui parle ta langue: l'histoire on s'en fout, c'est l'auteur qui compte"..."
L'auteur est important, mais le traducteur aussi. Dans une œuvre traduite, ce n'est pas seulement le génie de la plume qui nous est offert, mais aussi celui de la traduction d'un système de pensée (donc d'une langue) à un autre. Je trouve, personnellement, que c'est aussi précieux.


p.129: "... Depuis je n'ai cessé d'utiliser la lecture comme un moyen de faire disparaitre le temps, et l'écriture comme un moyen de le retenir..."

p.141: "...; c'était avant le premier choc pétrolier. Cette génération vivait l'âge d'or du matérialisme, le monde était moins dangereux que maintenant, ce rêve dura une trentaine d'années..."
Nous serons sans doute la première génération de l'après révolution industrielle à vivre moins bien que nos parents... Et cette tendance va perdurer au regard des défis que nous avons à relever dans les décennies à venir. Notre qualité de vie va s'étioler, c'est quasi-certain.

p.148: "..."Rien qu'un moment du passé? Beaucoup plus, peut-être; quelque chose qui, commun à la fois au passé et au présent, est beaucoup plus essentiel qu'eux deux" (Marcel Proust)..."

p.167: "... "Un gouvernement fondé sur le principe de la bienveillance envers le peuple, semblable à celle d'un père envers ses enfants c'est à dire un gouvernement paternaliste, où donc les sujets, comme des enfants mineurs qui ne peuvent distinguer ce qui leur est véritablement utile ou nuisible, sont réduits au rôle simplement passif d'attendre du seul jugement du chef de l'Etat qu'il décide comment ils doivent être heureux, et de sa seule bonté qu'il veuille bien s'occuper de leur bonheur: un tel gouvernement est le plus grand despotisme qu'on puisse concevoir." (Kant, "Sur l'expression courante: c'est bon en théorie...", 1793)..." "..."Il est impossible de rendre les gens bons par décret parlementaire." (Oscar Wilde)..."
Ne fumez pas, Mangez cinq fruits et légumes par jour, Limiter votre consommation d'alcool, acheter ceci, cela (vive l'arrogance des publicitaires), ... Un gouvernement paternaliste en France? Pas du tout... Nous sommes loin d'évoluer dans un cadre despotique... hum, hum... Pour appuyer ce propos j'ajouterai ces autres lignes de Beigbeder:
p.180: "... Quand j'étais petit, on ne mettait jamais sa ceinture dans une automobile. Tout le monde fumait partout. On buvait au goulot en conduisant. On slalomait en Vespa sans casque. [...] Les gens baisaient sans capote. On pouvait dévisager une femme, l'aborder, essayer de la séduire, peut-être l'effleurer, sans risquer de passer pour un criminel. La grande différence entre mes parents et moi: dans leur jeunesse les libertés augmentaient; durant la mienne elles n'ont fait que diminuer, année après année..."

p.179: "... L'injonction capitaliste (tout ce qui est agréable est obligatoire) est aussi stupide que la culpabilité chrétienne (tout ce qui est agréable est interdit)..." "... Privés de nos liens familiaux, nous sommes des numéros interchangeable comme les "amis" de Facebook, les demandeurs d'emploi de l'ANPE ou les prisonniers du Dépôt..."

p.188: "...puisqu'on était entré dans cette nouvelle société dont parlait le Premier ministre à voix de canard (Jacques Chaban-Delmas), une société de consommation illimitée, de luxe américain, un monde où la solitude serait intégralement compensée par les jouets et les cornets de glace..."
La sur-consommation, la peste du 20ème siècle, une pandémie sans traitement, qui se transmet par l'éducation et les médias... Prenez vos précautions en envoyant vos enfants à l'école et en allumant votre poste... Elle se terre partout et reste à l'affut pour vous sauter à la gorge...

p.190: "... Ce n'est jamais la faute de personne quand on accepte l'inhumanité..."
Sauf si une bonne poire traine dans le coin...

p.202: "... ca ressemble au bonheur, on dirait du bonheur, mais ce n'est pas du bonheur. On devrait être heureux, on ne l'est pas; alors, on fait semblant..."

p.206: "..."L'adultère de la femme, à cause de ses conséquences, et parce qu'il est contraire à la nature, est beaucoup plus impardonnable que celui de l'homme." (Arthur Schopenhauer, Monde comme volonté et comme représentation)..."

p.220: "... Le refus de grandir fait partie de mon héritage, avec l'idée que la réalité est une valeur surestimée..."

p.221: "..."Calamitosus est animus futuri anxius" dit Sénèque. ("Un esprit soucieux de l'avenir est malheureux.")..."

p.223: "... C'est l'histoire d'un pays qui a réussi à perdre deux guerres en faisant croire qu'il les avait gagnées, et ensuite à perdre son empire colonial en faisant comme si cela ne changeait rien à son importance. C'est l'histoire d'une humanité nouvelle, ou comment des catholiques monarchistes sont devenus des capitalistes mondialisés. Telle est la vie que j'ai vécue: un roman français..."

Ouvrage: Un roman français, Frédéric Beigbeder, Edition Le Livre de Poche, N° 31879, Imprimeur:159252, Dépôt légal 1ere publication: aout 2010, Edition 03 - octobre 2010, Imprimé en France
 

La Tour de Babel, Morris West (1968)

Titre original: The Tower of Babel - Traduction: France-Maris WATKINS.
(cette œuvre qui n'est plus éditée aujourd'hui, du moins en français) 
"In memoriam STANLEY L. BARTLETT. Mon premier éditeur et mon grand ami. Un homme de douceur, comme j'en ai peu rencontré" 1966

Adom Ronen, agent israélien à Damas, toujours traqué, toujours sur le qui-vive, secrètement persuadé qu'il finira pendu ; Idris Jarrah, terroriste arabe, qui a déjà fait le sacrifice de sa vie; Jakov Baratz, général israélien, conscient de la petitesse de sa patrie au milieu de l'immensité de l'Islara et préparant fiévreusement ce qui entrera dans l'histoire sous le nom de guerre des six jours; Hannah, sa femme, Juive autrichienne, que la folie ronge lentement et qui vit obsédée par les ténèbres de son passé de petite fille persécutée ; le colonel irakien Safreddin ; le gros marchand phénicien Chakry qui joue son immense fortune sur la guerre ou la paix : ce ne sont que quelques-uns des personnages qui animent cette fresque grouillante du Moyen-Orient avant le drame. Le Moyen-Orient, une fournaise éblouissante, un ciel aveuglant, des montagnes taillées comme de monstrueuses statues, le désert où l'air dansant porte en suspension des minarets et des oasis qui s'évanouissent en un instant.
Jamais encore un roman d'amour n'avait été dans l'œuvre de Morris West plus étroitement mêlé aux soubresauts de l'histoire et aux sortilèges d'une terre sacrée et gorgée de sang.
Source : Le Livre de Poche, LGF

Une découverte surprenante
Un roman magistral qui mêle, avec talent, intrigues politiques et religieuses.
Si l'on ne se décourage pas dans les premiers chapitres, cette œuvre permet de découvrir un auteur à la plume riche, ouverte sur le monde, et soigneuse dans la description des lieux, des paysages et des personnages qui y gravitent.
A lire absolument, pour se rendre compte des tensions existantes dans les années 60 entre les Pays Arabes et l’État d'Israël. Tensions toujours d'actualité...

Quelques extraits intéressants:

p.31: "... La première leçon qu'il apprit, ce fut que la rapidité des communications était la clé du profit..." "... Aussi, dans son petit bureau sordide, Nuri Chakry rêvait-il de navires et d'avions, de télégraphes et de télex... et de toute une toile d'araignée de communication grâce auxquelles il pourrait discuter et marchander tous les jours sur tous les marchés du globe..."
Morris West avait déjà compris, il y a 40 ans, que le développement des communications nous amènerait inexorablement vers la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui... Le profit, le profit, encore le profit, et toujours le profit au détriment de l'ascension de l'Humanité...
Comment inverser la tendance? Dieu seul le sait, alors espérons qu'il existe, sinon nous sommes livrés à nous même... et ce serait plutôt de mauvais augure...

p.32: "... Il savait que plus ses lignes de communications étaient étendues, moins sûres elles devenaient..."
J'ai lu récemment un article dans Sciences et Vie sur le développement des réseaux au niveau mondiale et les conséquences sur la fragilité de la civilisation moderne. Assez alarmant ...

p.38: "... L'unité arabe ne pouvait s'exprimer que par la négative: la destruction des juifs..."
C'est toujours pareil. On peut toujours s'entendre face à un ennemi commun.
Dans l'Antiquité, Octave et Marc-Antoine se sont bien alliés contre les Républicains Brutus et Cassius (assassins présumés de Jules César). Après leur victoire, ils se sont livrés à une bataille silencieuse (enfin au début) qui verra la chute de Marc-Antoine et la victoire d'Octave, premier empereur de Rome, sous le nom d'Auguste.

p.99: "... Seuls, le temps et l'éducation pourraient guérir de l'ignorance..."

p.108: "...Comme c'était facile de faire des calculs politiques...comme si l'on pouvait résoudre toute l'équation humaine avec un rapporteur et une règle de calcul..." "...Les conséquences d'un seul acte de violence n'avaient pas de limites. Un homme tué signifiait que des milliers d'êtres ne verraient pas le jour. Un homme privé de son foyer risquait un jour de détruire des villes entières, pour se venger follement de la race humaine..."
L'effet papillon peut frapper avec la force d'un boomerang!

p.168: "... On vénérait la mémoire de 6 millions de juifs dans la sombre crypte de Yad Vashem, mais trois cents milles arabes vivants campaient dans des bidonvilles de la bande de Gaza et ils ne renonceraient pas à leurs prétentions à trouver une place au soleil sur la terre de leur patrie..."
L'homme pourrait apprendre de ces erreurs... mais je ne suis pas sur qu'il soit programmé pour cela, du moins pas à une échelle collective.

p.169: "... parce qu’il semblait que l'homme né d'un acte d'amour ne pût survivre qu'en exerçant la terreur..."

p.189: "... Il devait leur apprendre que le risque vaut largement le gain et qu'il était toujours nécessaire que quelques-uns mourussent pour l'ultime grandeur de la multitude..."

p.194: "... On était conçu sans consentement, jeté tout gémissant dans un univers étranger, la condamnation à mort écrite dans la paume des mains impuissantes, un cancer vous rongera les entrailles, un fou, armé d'une hache, vous coupera la tête, un tigre , échappé d'un cirque ambulant, vous dévorera, un ivrogne imbécile vous écrasera avec sa voiture, vous vivrez, souriant et loquace, jusqu'à ce qu'un crétin zélé lâche une bombe à hydrogène dans votre jardin..."

P.344: "... C'est un monde de fous, une tour de Babel où nous hurlons tous des insanités et où nous mourrons en délirant dans un désert de singes..."

p.356: "... Si l'on changeait la géographie, on changeait à la fois les hommes et le cours de l'histoire. On changeait leurs cultes et leurs légendes, leurs points de vue et même leurs dieux..."

Ouvrage de référence: La tour de Babel, Morris West, Edition Plon, N° Edition: 9468, N° Impression: 1 er trimestre 1968, Imprimé en France