Les piliers de la terre, Ken Follett (1990)

Dans l'Angleterre du XIIème siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. Les fresques se peignent à coups d'épée, les destins se taillent à coups de hache et les cathédrales se bâtissent à coups de miracles... et de saintes ruses. La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.

1150 pages de plaisir littéraire. Une œuvre architecturale parfaite.
Les personnages, décrit avec finesse et précision, sont attachants, séduisants ou détestables. Tout y est; le père et mari qui se démène pour subvenir aux besoins de sa famille et pour atteindre ses propres rêves; le jeune prodige, enchanteur et amoureux fou; la femme qui ne se décourage pas face aux obstacles et au régime phallocratique en place dans l'Angleterre du XIIème siècle; la "soi-disant sorcière", qui peut soulager les maux physiques et moraux; l’évêque arriviste qui n'hésite pas à mouler ses croyances à ses propres ambitions, quitte à détruire ceux qui pourraient le gêner; le "mauvais garçon" , violeur, persécuteur et assassin, qui tente en vain de faire taire sa conscience; et enfin, et c'est le personnage le plus captivant de cette œuvre, le moine, qui gravit malgré lui la hiérarchie, et qui, grâce à sa malice évite les pièges sournois des êtres malveillants qui l'entourent.
Tous ces personnages vivent, souffrent, se reconstruisent dans le contexte de l'édification de la plus ambitieuse cathédrale de l'Angleterre.
Mon seul regret, avoir vu l'adaptation télévisuelle (bien que concluante) avant de lire l’œuvre. Je ne saurai jamais quels visages mon esprit aurait pu imaginer... C'est avec ces expériences que l'on se rend compte de la liberté d'imaginer que procure la littérature.


Suite à quelques échanges avec des CL (membres de Critiques Libres), je tiens à préciser qu'il ne faut pas s'attendre à un roman historique. Les personnages sont en effet très romanesques, l'histoire ne se base pas sur une réelle construction de cathédrale. Kingsbridge (Devon, sud-ouest de l'Angleterre) n'a jamais eu de cathédrale et ne se situe pas à proximité de Shiring (North Yorkshire, bien plus au nord).

Il faut aborder cette oeuvre comme une oeuvre de fiction, divertissante, fraîche, intéressante sur la dimension architecturale (les descriptions sont précises et permettent de sa familiariser avec le vocabulaire des cathédrales). C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'adaptation télévisuelle est réussite (même si certains gros détails sont différents). Personnellement, même si j'apprécie la série "Les Piliers de la Terre", je prefère la version littéraire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire