Le loup rouge, Morris West (1972)

Le roman de Morris West a pour décor les prairies vertes et glacées, les roches grises et nues de l’Écosse et plus particulièrement des îles Hébrides. Dans ce pays de clans, de légendes et de traditions ésotériques, où l'esprit des morts et les dieux de la mer semblent présider encore aux destinées des hommes, les sentiments sont des passions, les jeux des combats implacables, qui ne se résolvent que par la mort des vaincus. Entre le vieux Morrison, Ruarri l''aventurier, Kathleen l'étrangère à la blessure secrète et le narrateur, vont se nouer des liens où l'amour, l'amitié, l'orgueil, la haine aussi, tour à tour s'opposeront et s'enchevêtreront en subtils entrelacs.
Peintre admirable des passions et des luttes amères de la conscience, l'auteur de L'Avocat du diable atteint ici à une grande intensité dans le drame et à un raffinement dans l'analyse des sentiments.
En outre, il a su évoquer avec une justesse remarquable le mélange de rudesse et de douceur qui constitue l'esprit si particulier de l’Écosse et de ses habitants.

Grosse déception.
Arrivée à la page 68, j'arrête la lecture, je n'y arrive plus...
Une reprise dans quelques semaines (mois?) est envisageable, je verrai en fonction de ma motivation à repartir à l’assaut de cette œuvre.



Quelques extraits intéressants:

p.16: "... Les filles, fraîches et plantureuses comme des génisses nourries aux trèfles, s'égosillaient avec les autres et versaient la bière brune dans la bouche de leurs galants..."
Description des filles qui peuplent les pubs du nord de l'Écosse, où le narrateur découvre les moeurs des habitants de ce pays si différent de ceux de Rome. 

p.41: "... La terre, c'est pour nourrir et garer son capital, avoir une identité nationale, et ainsi de suite, et avoir un endroit où de retirer quand la sève qui est en vous se dessèche. Mais la mer est toujours le lieu de la liberté, où les législateurs ne peuvent pas mettre le nez dans votre journal de bord privé, où votre bateau est un royaume où nul holme ne peut poser le pied sans y être invité par le capitaine..."

p.45: "... Pourtant, il avait quelque chose d'extraordinairement séduisant, une dimension héroïque qui le distinguait des citadins mornes et des intellectuels à la vois stridente qui se pavanaient avec tant de morgue dans le crépuscule d'une civilisation discréditée..."
Paroles et description d'un homme de la mer, que le narrateur rencontre au gré de son aventure dans ce pays de prairies vertes et glacées, peuplés de roches grises et nues, et où tous les habitants ont les yeux tournés vers la mer.

p.51: "... Lentement, je me mis à voir dans cet ensemble un schéma où tout avait sa place, un schéma froid, austère, sans discordance, qui imposait le respect, même s'il ne provoquait pas le rapide élan d'affection que vous arrachent les lieux ensoleillés..."
Le narrateur découvre les charmes d'un pays peu attirant de prime abord.

p.52: "... Dans les pays surpeuplés, dans les villes-fourmilières de notre époque, les hommes sont faits et défaits par les hommes. Ils sont broyés, effilochés, polis, formés et déformés au contact les uns des autres, comme les roches dans la turbulence d'un torrent. Le passé ne les domine pas, parce qu'ils sont emportés par les remous du torrent d'aujourd'hui. La terre ne les domine pas, parce qu'elle est ensevelie sous l'asphalte et le ciment et leurs pieds ne s'y posent jamais. La mer ne règne pas sur eux parce qu'ils en ignorent l'odeur et le bruit, tandis qu'ils cheminent dans les couloirs de brique et de mortier comme des souris dans un labyrinthe.
Mais dans les endroits primitifs, sur les îles et les hauts plateaux, l'homme doit s'adapter aux éléments, à la terre et à l'eau, et à l'air changeant, autrement il lui faut mourir. Son passé est toujours présent en lui, parce qu'il doit en tirer la sève quotidienne de savoir et d'endurance. Sa vie en commun est moins abrasive parce qu'elle est plus détendue. Elle est plus fraternelle, plus tribale, parce qu'elle est plus proche de la terre nourricière; unifiée aussi par le sentiment des dangers communs. Les noms de lieux racontent la même histoire: ils ne glorifient pas la mémoire d'antiques tyrans, ni de politiciens grandiloquents, ni d'idoles inexplicables; ils glorifient la terre et la mer, avec leurs fruits: Sheep Isles [Moutons], et Salmon Run [Saumon], et Seal beach [Phoques] et Holding of the Herds [Troupeaux]..."
Ce sont ces descriptions qui m'ont convaincues de l'interêt de la lecture de cet ouvrage, et pourtant, hormis cela je n'ai pas été emballée par ce roman. Les histoires d'amour, décrites comme elles se déroulaient dans la vie de l'auteur dans les années 50/60, n'ont pas bien vieillies. Pourtant d'autres romans incluant des histoires d'amour nous parviennent avec toute leur beauté.

p.90: "...Dans le monde que j'avais fui, on prêchait la violence en tant qu'opération chirurgicale destinée à guérir la société malade. Des enfants se détruisaient à coups d'héroïne. Des amants juvéniles se passaient l'un à l'autre leur blennorragie. Des diplomates faisaient du trafic d'armes. Des révolutionnaires kidnappaient des innocents comme otages. Des citoyens dressaient la police armée contre les étudiants. Des étudiants brûlaient les bibliothèque à la façon des tyrans de l'Inquisition. Le Noir se battait contre le Blanc. Les massacres s'organisaient à l'aide d'ordinateurs et les villes-fourmilières dévoraient les douces campagnes. Malgré toute la solitude de ce pays, malgré toutes ces menaces venues de la terre et des éléments, j'étais heureux d'y séjourner..."

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